A la découverte de la SECAS, société sénégalaise valorisant les céréales locales
Submitted by admin on Thu, 07/29/2021 - 18:21
I&P a rencontré Mme Bineta Koné Coulibaly, Présidente de SECAS, et Mme Ndèye Anta Coulibaly Ba, DGA. Lancée il y a près de 30 ans, la SECAS (anciennement connue sous le nom ‘’La Vivrière’’) est une PME sénégalaise spécialisée dans la transformation et la commercialisation de céréales locales. L’entreprise a rejoint le portefeuille de Teranga Capital en 2019.
En savoir plus sur Teranga Capital
La SECAS ou Société d’Exploitation des Céréales Africaines du Sénégal transforme et commercialise depuis 1992 le mil, le maïs, le niébé le fonio précuit et la poudre de fruit du Baobab. Elle offre une large gamme de produits africains et typiquement sénégalais qui sont vendus sur localement ou exportés vers l’Union Européenne, les Etats-Unis, le Canada et le reste de l'Afrique. Ses produits sont vendus sous la marque « La Vivrière wiiw ».
Pouvez-vous revenir sur votre parcours et l’évolution de votre entreprise ?
Avant 1992, les produits que nous proposons aujourd’hui, comme le couscous de Mil déshydraté et ensaché, n’étaient pas encore disponible sur le marché local. La préparation de ces céréales prend beaucoup de temps et cette tâche revenait souvent aux femmes au sein de leur ménage.
Il me manquait deux éléments pour me lancer dans l’aventure entrepreneuriale : des connaissances théoriques… et de l’audace.
Plus jeune, je me suis inscrite en filière sciences éco, option gestion d’entreprise. Après l’université, j’ai enchainé sur un MBA en gestion d’entreprise, pendant deux ans. Puis j’ai eu une expérience de onze ans au sein d’une banque. J’avais des projets en tête mais je n’osais cependant pas me lancer, je ne savais pas par quel bout commencer. Le déclic fut une formation à l’entrepreneuriat financée par l’USAID, qu’un ancien professeur m’avait encouragée à suivre. Dans le cadre de ce stage de quinze jours, j’ai formalisé mon projet entrepreneurial et démarré les premières activités de La Vivrière. Nos produits étaient de bonne qualité et ont très rapidement trouvé leur public. L’entreprise La Vivrière a reçu le 1er prix au terme de cette formation, et a été primée. Par la suite, elle a été trois fois lauréate du prix de la qualité, mis en jeu par l’Union Européenne au Sénégal.
De là, les choses se sont ensuite développées progressivement. Partant d’une capacité de transformation équivalent à seulement 10 kilos par jour et d’un capital de 35 000 FCFA, nous avons commencé à distribuer nos produits au porte-à-porte, puis dans notre magasin situé au marché de Tilène. Enfin, nos produits se sont frayés un chemin dans la grande distribution pour se retrouver dans les rayons des supermarchés. Pour créer plus d’emploi et dans l’optique de mécaniser progressivement notre production, nous avons chercher des sources de financement auprès d’organismes tiers comme le CDE, PROINVEST, l’USADF, L’AAFEX, la CNCAS… Et en 2012, une collaboration avec Root Capital nous a permis de financer notre approvisionnement annuel en matières premières, de construire deux silos pours leurs stockages et enfin aménager un bâtiment pour domicilier notre société.
27 ans après nos premiers pas, en 2019, La Vivrière est devenues SECAS-sas à la suite d’un partenariat conclu avec FONSIS et Teranga Capital. Aujourd’hui, nous comptons 74 personnes parmi nos collaborateurs et nous assurons une production journalière de 3.5 tonnes avec un taux de croissance moyen de 35% par an, couvrant une large gamme de produits, distribués localement et exportés vers l’Union Européenne, les Etats-Unis, le Canada et le reste de l'Afrique.
"Partant d’une capacité de transformation équivalent à 10 kilos par jour et d’un capital de 35 000 FCFA, nous comptons aujourd'hui plus de 70 employé.e.s à templs er plein et nous assurons une production journalière de 3.5 tonnes"
Qu’est-ce que Teranga Capital vous a apporté ?
Depuis 2019, comme coactionnaire mais surtout collaborateur, Teranga Capital nous accompagne sur tous nos projets de développement, notamment pour renforcer nos capacités de production et de management.
Nos produits se vendent très bien et sans campagne publicitaire, uniquement grâce au bouche-à-oreille. Le vrai défi se situe au niveau de notre capacité de production, encore en deçà de la demande. L’apport en capital et en prêt d’actionnaire de Teranga nous permet de construire une nouvelle unité de production, avec des équipements plus modernes et plus efficaces. Cet apport financier sert également à notre besoin en fonds de roulement.
L’apport de Teranga dépasse également le seul cadre financier, il nous permet de renforcer la bonne gouvernance et d'améliorer notre organisation en interne.
"Le partenariat avec Teranga Capital nous permet de construire une nouvelle unité de production, et ce pour répondre à notre vrai défi : notre capcité de production, encore en-deçà de la demande"
Afin de m’associer avec Teranga Capital et le FONSIS, pour créer la Société d’Exploitation des Céréales Africaines du Sénégal (SECAS-sas), j’ai ouvert au préalable le capital de l’entreprise-mère à mes enfants. La Vivrière, par transformation de son statut social a pris le nom de MANAFA-SEN-Sarl et devient l’actionnaire majoritaire et maitresse d’œuvre de la SECAS-sas. Teranga nous a permis de prendre un prestataire pour optimiser le management de l’entreprise et envisage d’étendre son assistance technique à d’autres domaines comme la formation, le marketing, etc.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées en chemin ?
En toute franchise, une entreprise, c’est en grande partie une liste de problèmes à résoudre !
A notre niveau, nous avons rencontré deux principales difficultés. La difficulté à recruter du personnel d’une part, notamment au niveau des fonctions administratives et managériales. Et d’autre part, l’approvisionnement en matières premières. Pendant longtemps nous achetions directement sur le marché, mais la matière première présentait beaucoup d’impuretés. Grâce à Root Capital, nous avons pu contractualiser avec des producteurs et des coopératives (réseaux GIE), qui ont été formés par le PCE de l’USAID pour fournir de la matière première de bonne qualité.
Quels sont les impacts dont vous êtes la plus fière aujourd’hui ?
Les contrats signés avec les réseaux de producteurs locaux avec qui nous travaillons depuis maintenant quelques années font vivre des milliers de familles. Et les 74 personnes qui forment la grande famille de SECAS bénéficient d’emplois stables, formalisés et pérennes.
Sur le plan économique, SECAS participe à la création de valeur ajoutée au niveau nationale en proposant des céréales de qualité supérieure, produites et transformées localement. Ainsi, nous incitons la population à consommer les produits locaux plutôt que ceux importés. Enfin, nous sommes très fiers du succès de nos produits auprès de la diaspora africaine aux quatre coins du monde !
Quels conseils donneriez-vous à ceux et celles qui veulent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Je crois qu’il faut avoir beaucoup de persévérance, pour traverser toutes les difficultés qui se présenteront en chemin. Il est essentiel également de savoir respecter ses engagements, surtout auprès de ses clients. Et avant tout, il faut avoir une motivation à toute épreuve et nourrir une passion envers son projet ! On démarre en général avec presque rien, c’est un travail de longue haleine qui se construit et prend forme dans le temps.