Newsletter de novembre : S'adapter pour durer, un édito signé par Mariam Djibo - Directrice générale Advans Côte d'Ivoire
Submitted by admin on Thu, 11/04/2021 - 12:48La newsletter du dernier trimestre de cette année 2021 est en ligne ! Au sommaire :
• Un édito signé Mariam Djibo, Directrice Générale d'Advans Côte d'Ivoire (ci-dessous)
• Retour sur le premier atelier régional de formation, réunissant 10 incubateurs et accélérateurs
• Interview de Dr. Wisdom Amegbletor, Fondateur et Directeur de New Crystal Ghana
Edito • Mariam Djibo
Directrice Générale d'Advans Côte d'Ivoire
Mariam Djibo est directrice au sein de la représentation Advans Côte d’Ivoire, sixième filiale africaine du groupe international de microfinance Advans SA. Advans Côte d’Ivoire accompagne micro-entrepreneurs, artisans, PME et particuliers avec des services bancaires adaptés à leurs besoins.
Avant de rejoindre Advans, Mariam a été vice-Président du fonds ECP (Emerging Capital Partners) et a dirigé pendant six ans la représentation ivoirienne d’Adenia Partners.
Mariam Djibo est membre du Comité ESG et Impact du fonds I&P Afrique Entrepreneurs 2, et membre du Comité d’Investissement pour le programme I&P Éducation et Emploi.
"Non, on ne peut pas encore parler d’un monde « post covid ». Mais il y a cependant bien un monde « post première vague » : nos modes de collaboration, nos modes de communication, nos stratégies commerciales, notre appréciation du risque ont dû être intégralement revisités, et si les plus agiles d’entre nous s’en sont sortis à court terme, il s’agit aujourd’hui d’intégrer ces changements dans nos modèles économiques de manière durable.
Au cœur de la crise COVID, dès les premières restrictions sanitaires prises par le gouvernement ivoirien, en tant qu’institution de microfinance Advans Côte d’Ivoire a mis en place des mécanismes pour soulager les clients impactés, c’est-à-dire 80% de notre clientèle : périodes de grâce, restructuration de prêt en cours, rajout de capital lors du redémarrage de l’activité, assurance vie gratuite prenant en charge le risque COVID, prêt d’urgence 100% digitaux à taux réduit pour les clients les plus vulnérables et notamment les femmes.
18 mois après, on parle de reprise économique. Mais les plus vulnérables n’ont jamais pu retrouver leur niveau d’activité pré-crise, voire ont perdu leur fonds de commerce. Les circuits logistiques à l’import sont encore très perturbés (absence de container, coût du fret, durée du transit…), la circulation de personnes entre pays limitrophes est empêchée par la fermeture des frontières terrestres, le coût des matières premières importées nécessaire à la production agricole et industrielle a flambé, la consommation est encore limitée par la faiblesse du niveau des revenus des populations… Dans ce contexte, notre rôle est de limiter l’impact de « l’incertitude des lendemains », et au-delà de l’accompagnement financier, de guider les entrepreneurs dans la formalisation de leurs organisations et dans la prévention des risques par l’éducation financière, l’épargne et l’assurance.
Notre métier a toujours été un métier de terrain. Nos clients évoluant principalement dans le secteur informel, ils privilégiaient le contact physique et avaient une forte culture du cash. De ce fait, les institutions de microfinance, contrairement aux institutions bancaires, ont rarement considéré le digital comme un levier stratégique, jusqu’à ce que l’évidence nous rattrape : si on veut inclure financièrement le plus grand nombre et à un coût opérationnel limité, il nous faut capitaliser sur le digital.
Advans Côte d’Ivoire avait développé depuis 2014 une plateforme qui permet aux clients d’opérer 24h/24, 7j /7 en interfaçant les comptes Advans avec les porte-monnaie électroniques des opérateurs télécom. En 2016, nous avions lancé notre première application d’ouverture de compte sur le terrain et nos premiers crédits 100% digitaux destinés aux producteurs agricoles. La crise Covid a confirmé la justesse nos choix et nous conduit à la décision résolue d’accélérer notre transformation digitale, sans trahir une valeur clé de notre mission d’inclusion financière, celle de la proximité. Nous développons une approche mixte au service de process internes optimisés, de canaux de distribution efficients et d’une expérience client améliorée : rapidité, accessibilité, transparence.
La crise Covid a confirmé la justesse nos choix et nous conduit à la décision résolue d’accélérer notre transformation digitale, sans trahir une valeur clé de notre mission d’inclusion financière, celle de la proximité.
Inclure financièrement les plus vulnérables en s’appuyant sur le digital exige cependant plusieurs prérequis. Cela veut dire disposer d’une infrastructure informatique stable et sécurisé, cela veut dire conduire le changement parmi les collaborateurs puis les clients, cela veut dire trouver des alternatives à de nombreux obstacles comme l’absence d’interopérabilité entre les réseaux télécom ou l’absence de pièces d’identité conformes… Le chemin est donc encore long.
Dans le contexte de la crise COVID, on a beaucoup parlé de résilience des entrepreneurs africains. On en parle à chaque crise sanitaire ou crise politique… on célèbre leur capacité à contourner les difficultés, à trouver des systèmes alternatifs et à être encore vivants après la crise. Cependant il n’y a pas encore de monde « post Covid » et la gestion du COVID semble s’installer dans nos vies. Les entrepreneurs doivent ainsi trouver des modèles qui leur permettront de s’adapter de façon agile et continue aux chocs extérieurs : on ne construit plus pour résister, on construit pour durer.
Les entrepreneurs doivent trouver des modèles qui leur permettront de s’adapter de façon agile et continue aux chocs extérieurs : on ne construit plus pour résister, on construit pour durer.
Bonne gouvernance, renforcement des compétences, digitalisation des process, limitation de l’impact environnemental… voilà ce que l’on retrouve dans l’ambition de « révolution entrepreneuriale » des fonds d’investissement gérés par I&P, qui ont permis de financer plus de 150 PME à travers le continent. Ces exemples concrets inspireront je l’espère encore plus d’institutions, de bailleurs privés et publics, à soutenir cette transformation entrepreneuriale qui est résolument en marche."
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