Publication de la Newsletter trimestrielle, avec un édito signé Evelyne Dioh SIMPA
Submitted by admin on Mon, 07/18/2022 - 10:17Lancement du programme I&P Digital Energy, actualités du portefeuille et des fonds locaux ... retrouvez les dernières nouvelles d'I&P dans notre lettre d'information n°38.
À la une :
⇒ Un édito signé par Evelyne Dioh SIMPA, Directrice Exécutive de WIC Capital ;
⇒ Lancement du programme I&P Digital Energy, financé à hauteur de 4 millions d'euros par la Commission Européenne ;
⇒ Derniers investissements du fonds IPAE 2 : AgroServ au Burkina Faso, Delta Assainissement au Sénégal et iProcure au Kenya
Édito signé Evelyne Dioh SIMPA
Directrice Exécutive de WIC Capital
Evelyne Dioh SIMPA est la Directrice Exécutive de WIC Capital, le premier fonds d’investissement dédié aux femmes entrepreneures en Afrique de l’Ouest Francophone. WIC CAPITAL a été mis en place par le Women’s Investment Club Sénégal, un groupe de 86 femmes issues du secteur privé.
De l’urgence de développer les PME Africaines et de soutenir l’entrepreneuriat féminin
En Afrique, l’entrepreneuriat féminin continue d’être une vaste source inexploitée de création d‘emplois et de richesses. L’Afrique est le continent où il y a le plus de femmes entrepreneures, et dans un pays comme le Sénégal, elle représentent 31% des entrepreneurs. Pourtant les entreprises dirigées par des femmes continuent d’opérer à très petite échelle et de façon informelle, ce qui freine leur croissance et rend plus difficile l’accès au financement.
Lorsqu’elles veulent passer à l’échelle, ces entreprises ont des besoins de financement qui ne peuvent être couverts par l’offre disponible, notamment du fait de leur caractère encore trop informel et de leur historique trop limité pour être attractives pour le secteur bancaire. Ainsi, les entreprises dirigées par des femmes restent dans ce ‘’missing middle’’ des économies africaines (‘’chaînon manquant’’), insuffisamment desservi par les marchés financiers.
Les entreprises dirigées par des femmes ont des besoins de financement qui ne sont pas couverts par l’offre disponible, notamment du fait de leur caractère encore trop informel et de leur historique trop limité pour être attractives pour le secteur bancaire
Ceci se traduit en Afrique Subsaharienne par un besoin de financement non couvert de plus de 42 milliards de dollars, qui ne se résorbe pas. En 2021, les équipes d’entrepreneurs entièrement composées de femmes n’ont levé que 1% des fonds levés en Afrique, quand les équipes entièrement masculines ont capté 81% des fonds levés.
En lançant WIC Capital en 2019, le Women’s Investment Club souhaitait apporter une réponse spécifique à cette problématique de passage à l’échelle, avec l’objectif de renforcer le leadership et l’entrepreneuriat féminin, de positionner les femmes comme des actrices économiques, plutôt que comme des spectatrices et, ainsi, de sortir du cliché de la femme entrepreneure africaine, confinée à l’économie de subsistance qui vend ses produits au marché.
WIC Capital a ainsi comme thèse d’investissement de libérer le potentiel des PMEs dirigées par les femmes en agissant sur 3 points :
⇒ La mise à disposition de capital adéquat : L’apport de fonds propres vise à renforcer les fondations de ces entreprises sous-capitalisées et permet d’instaurer une gouvernance solide, gage de pérennité. Ainsi, WIC Capital investit sous forme de fonds propres et de quasi fonds propres des tickets allant de 25 millions de FCFA à 300 millions de FCFA, pour une prise de participation minoritaire.
⇒ L’assistance technique appropriée : Il est nécessaire d’aller au-delà des formations de groupe et d’apporter un appui adapté à chaque PME avant, pendant et après investissement. Cette assistance technique est orchestrée par la WIC Académie, un programme interne au WIC, disposant de ressources humaines dédiées pour faire le lien entre les experts de son réseau et les entrepreneures ;
⇒ La mise à disposition de réseaux d’affaires : le fonds WIC Capital est initialement financé par un réseau d’environ 100 femmes investisseurs anges du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, avec des expertises variées et des réseaux d’affaires étendus. Les membres du WIC siègent dans les conseils d’administration des sociétés, agissent en mentores et n’hésitent pas à ouvrir leurs réseaux aux entrepreneures du portefeuille.
Aujourd’hui, en gérant ce fonds, premier du genre, aussi bien dans sa stratégie entièrement orientée vers les femmes entrepreneures, que dans sa structuration, je mesure l’importance de l’intentionnalité quand il s‘agit d’investir avec de l’impact et plus particulièrement d’investir avec une optique genre. Cette intentionnalité se traduit dans la façon de rechercher les opportunités d’investissement, comprendre leur potentiel sous-jacent, préparer à l’investissement et mener les vérifications requises ou « due diligence » et d’assurer, enfin, le suivi et la création de valeur, après investissement.
Notre portefeuille, encore jeune, extériorise une croissance de revenus solide (+100% par trimestre depuis 2020), avec une création de 55 emplois directs par PME en moyenne. Ces emplois sont des emplois permanents ouvrant droit à de la protection sociale et souvent destinés aux jeunes et aux femmes. Ceci est extrêmement motivant et encourageant pour nous, qui nous lancions dans cette aventure, avec une volonté d’impact décuplé et accéléré.
Mais quand on sait l’urgence qu’il y a à créer des emplois sur ce continent, à l’heure où 13 millions de jeunes Africains arrivent sur le marché du travail chaque année, on se rend compte de l’urgence tout aussi grande qu’il y a à multiplier et à renforcer les fonds destinés aux PMEs.
J’appelle ainsi les financeurs à également faire preuve d’intentionnalité. Je les invite à donner leur chance aux femmes gestionnaires de fonds ainsi qu’aux gestionnaires de fonds locaux, généralement « first time fund managers », qui gèrent moins de 1,3% des actifs sous gestion au niveau mondial, mais qui sont réellement plus à même d’aller identifier le potentiel des PMEs à développer et de proposer des solutions de financement innovantes.
Face à l'urgence de création d'emplois, et l'urgence de multiplier les fonds destinés aux PME, j’appelle les financeurs à faire preuve d’intentionnalité et à donner leur chance aux femmes gestionnaires de fonds ainsi qu’aux gestionnaires de fonds locaux
I&P a été précurseur en ce sens, en facilitant le développement de plusieurs fonds PMEs Africains qui ont montré la voie. Au Sénégal, l’existence de Teranga Capital, sans compter la collaboration de l’équipe de gestion, nous a encouragé à lancer notre structure de fond totalement innovante.
La prochaine étape est de renforcer en capital les fonds locaux, afin qu’ils puissent accélérer leur croissance et générer des niveaux de rentabilité compétitifs pour se positionner comme une destination attractive pour le capital international, mais surtout pour le capital Africain. À cet égard, les réseaux de « business angels » africains sont en train de montrer la voie aux institutions que nous attendons avec impatience dans ce secteur.
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